Acheter bio quand on est pauvre…
Je suis pauvre. Pourtant, j’achète bio. Je sais, on vous a déjà raconté l’histoire du cheval qui était rare et cher. Et vous savez que l’agriculture biologique comparée à l’agriculture industrielle est plutôt rare, et donc vous vous doutez bien que plus c’est rare plus c’est cher. Hmm, il est un peu trop tôt pour les syllogismes, mais vous voyez ce que je veux dire ; le bio c’est cher, et ça c’est un fait.
On ne va pas revenir sur toutes les raisons qui obligent les agricultures biologiques à vendre leurs produits plus chers que les autres, et on ne va pas débattre sur la qualité des produits biologiques par rapport aux autres produits, parce que sinon on va y passer la nuit. Le bio ce n’est peut-être pas toujours parfait en termes de qualité, mais si c’est la perfection qu’on cherche… en ce monde pollué et corrompu… vous voyez où je veux en venir ? Dans le monde de Candide, chacun cultive son petit potager personnel, récupère l’eau de pluie, ne détruit jamais les aliments par la cuisson, suit un régime alcalinisant, n’utilise pas de téléphone portable car les ondes sont nuisibles ; dans le monde de Candide, le bio n’est pas un label, c’est un art, bref, moi j’aimerais vivre dans le monde de Candide, vraiment, mais je sais très bien que ce n’est pas possible aujourd’hui d’avoir une vie parfaitement saine. En revanche, je peux essayer de limiter les dégâts.
Quand je parle de produits bio, j’entends pas là des produits de bonne qualité, qui ne sont pas souillés par les pesticides et les hormones. Certains producteurs locaux n’ont pas les moyens d’investir dans le label « AB » mais leurs produits sont identiques d’un point de vue qualitatif. Le souci de cet article n’est pas de pinailler sur les tenants et les aboutissants du label AB et de ses critères, mais de donner quelques conseils pour pouvoir mieux choisir ses aliments même si on n’a pas trop les moyens. Rien ne vous empêche de parler avec votre marchand de fruits et légumes ou votre poissonnier ; posez-leur des questions, demandez-leur s’ils ont une charte à respecter, s’ils connaissent la provenance de leurs produits etc.
Toofruits – mon petit coin de paradis dans les Halles de Tours
Est-ce qu’il faut tout prendre bio ?
Non. Enfin, dans le monde de Candide peut-être, mais dans la vraie vie il n’est pas possible de tout prendre bio, à moins d’être le Baron de Rothschild. On peut se lamenter jusqu’à demain sur les inégalités dans le monde (et croyez-moi, j’adore le faire), mais en attendant il faut bien continuer à manger, non ? Et je ne sais pas vous, mais moi je n’ai pas envie de me nourrir n’importe comment. Je dois faire attention à mon portefeuille, oui, mais cela ne signifie pas que je dois me laisser aller et n’acheter que des produits industriels parce qu’ils sont moins chers. Mais j’ai conscience que je n’ai pas les moyens de tout acheter bio. Il faut faire des choix. Alors, j’ai décidé de procéder par élimination ; les produits « prioritaires » (de préférence bio, à moins qu’il soit impossible de faire autrement, i.e. c’est la fin du mois et on n’à plus un rond, ou c’est un jour férié et il n’y a rien d’autre sur les étagères et on crève la dalle, etc.) Voici ma devise anti-crise :
1 – Si le fruit ou légume ne peut être pelé, je le prends bio, sans aucune exception
Les fruits & légumes non-biologiques qui ne peuvent pas être pelés (blettes, salades, épinards, maïs, radis, fraises, framboises, etc.) sont exposés directement aux pesticides, herbicides, fongicides, engrais chimiques etc., et même après un lavage rigoureux au vinaigre, ils présentent des traces de ces substances. En les mangeant on ingère des petites quantités de ces produits hautement toxiques. Quand je dis « hautement toxiques », je ne rigole pas. Demandez aux agriculteurs ce qu’ils font pour éviter d’entrer en contact avec ces produits. Il n’y a qu’à observer les habits de ceux qui aspergent les champs pour se rendre compte du degré de nocivité des substances utilisées.
Marrant ça. Ce bonhomme est couvert de la tête aux pieds pour le protéger d’une substance qui est aspergé sur des aliments que nous mettons… hé oui, dans nos bouches. Cherchez l’erreur.
Je ne sais pas vous, mais moi je n’ai aucunement envie de polluer mon corps avec ces substances toxiques ; si le légume/fruit ne peut pas être pelé, il doit être issu de l’agriculture biologique, point. Tant pis si je n’en prends pas beaucoup, au moins je prends des produits de bonne qualité.
Les fruits et légumes qui peuvent être pelés (bananes, pommes, avocats, pommes de terre etc.) subissent les traitements chimiques, mais sont en quelque sorte protégés par leur peau. Idéalement il faudrait les prendre bio, mais si vous n’avez pas les moyens, pelez-les et lavez-les au vinaigre. C’est ce que je fais.
II – J’achète du lait bio et des oeufs bio
J’ai déjà écrit un article super-détaillé sur les produits laitiers sur beedizandboodiz.com, mais pour résumer, sachez que les produits laitiers non-biologiques sont bourrés d’hormones, d’anti-biotiques, et de pus. Je n’achète pas beaucoup de lait, mais si j’en prends il est hors de question d’acheter du lait non-bio.
Les oeufs non-biologiques sont pondus dans des cages étroites où les poules sont mal-traitées, mal-nourries, et apeurées. Acheter des oeufs non-biologiques c’est fermer les yeux sur la souffrance de ces animaux et en quelque sorte contribuer à la perpétration de celle-ci.
III – Quand je peux, j’achète de la viande bio
Tout le monde sait que la viande biologique est plus chère que la viande non-biologique. En ce qui me concerne, je ne mange pas beaucoup de viande, et donc quand j’en prends j’aime bien privilégier la qualité. Certains petits producteurs de bovins n’ont pas le label AB, mais nourrissent leurs bêtes avec de l’herbe (la viande d’une vache qui a été nourrie à l’herbe est très riche en omega 3). Faites un tour sur internet pour trouver votre producteur le plus proche. Souvent il faut commander une grande quantité (une demie bête, par exemple). Personne ne peut manger autant de viande en quelques jours, mais si vous vous mettez à plusieurs vous pourrez vous partager le morceau, et les frais (demandez qu’on vous le découpe), ou alors vous pouvez acheter une grande quantité et la congeler. Les prix sont souvent très avantageux, plus qu’on ne le pense, et la qualité est irréprochable.
N’oubliez pas que l’élevage intensif des animaux destinés à la consommation est un business cruel et glauque. Les animaux sont mal traités, terrorisés, entassés dans des boxes, nourris avec des farines chimiques, bourrés d’hormones de croissance et d’antibiotiques. Les pays occidentaux mangent énormément de viande, et à mon sens ils pourraient se passer d’en manger à tous les repas. Pourquoi ne pas privilégier la qualité et le sens éthique ? Les petits producteurs locaux ont souvent des moyens plus éthiques de tuer leurs bêtes, et puis si vous n’êtes pas convaincus, allez faire un tour dans une ferme locale. Posez toutes vos questions à l’éleveur. Assurez-vous de la qualité du produit et du traitement des bêtes avant de commander la viande.
Elevage intensif de poulets. Les animaux sont entassés les uns sur les autres, effrayés, malades parfois, agonisants parfois. Il n’y a là aucun respect pour la vie (ni pour la vie de l’animal, ni pour la vie du consommateur). Ces méthodes sont impropres et totalement indignes.
Depuis toujours, les fermiers ont fait paître leurs troupeaux dans des champs, à l’air frais. Aujourd’hui, la viande issue de l’élevage intensif provient de bêtes qui n’ont parfois jamais vu la lumière du jour. Et nous trouvons normal de consommer ces produits car nous ne voyons pas ce qui se passe réellement eu sein de ces élevages. Nous oublions qu’au de la de la souffrance que doivent endurer ces bêtes, la qualité de la viande issue de ces élevages est plus que médiocre. Comment imaginer qu’une bête qui a été nourrie avec des substances artificielles, qui n’a pas vu la lumière du jour de sa vie, et qui a été traitée contre un tas de maladies avec des antibiotiques dont les traces sont encore présents dans les filets qui atterrissent dans nos assiettes soit propre à la consommation ? C’est de la naïveté pure et dure.
IV – Je ne fais pas la difficile
Je profite des promos sur les produits bio. Les produits bio, du moins les fruits et légumes de saison, doivent être consommés rapidement, car ils ne sont pas traités avec des agents conservateurs. Si je vois une promo sur les cerises bio dans mon supermarché, je prends des cerises, si je vois une promo sur les aubergines, je prends des aubergines… vous voyez ce que je veux dire. Je ne fais pas la difficile, et en plus je mange des produits de saison !
Je profite également des offres « en gros ». Parfois les supermarchés font une promo sur des denrées non périssables telles que le riz ou le quinoa. A ce moment-là, j’en prends plusieurs car je sais qu’ils me dureront plus longtemps.
V – Je ne jure que par le savon noir pour nettoyer ma maison
A quoi ça sert de dépenser une fortune en produits ménagers toxiques quand on peut utiliser du savon noir naturel ?
Le savon noir est originaire du Maroc. Le vrai savon noir traditionnel Beldi est obtenu en mélangeant de l’huile d’olive avec des olives broyées et macérées dans du sel de la potasse. Il est riche en vitamine E, et il est très doux. Dans les pays du Maghreb, il est utilisé dans les rituels du hammam. On peut également l’utiliser pour nettoyer la maison. Il n’est absolument pas toxique et si je le prends en magasin bio je suis sûre qu’il n’a pas été testé sur les animaux.
Je le trouve en magasin bio (mais aussi en supermarché – j’en ai trouvé il y a quelques mois dans un hypermarché). Une bouteille d’un litre me coûte 5 euros à tout casser, et je m’en sers pour nettoyer les sols, la baignoire, l’évier, les carreaux, etc.
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Il ya sûrement plein d’autres moyens de continuer à vivre sainement tout en faisant attention à l’argent, mais je vais m’arrêter là pour aujourd’hui. J’espère que vous avez trouvé ces quelques conseils utiles.
J’ai partagé ma « liste verte » avec vous. A votre tour de partager vos astuces pour vivre sainement tout en surveillant votre portefeuille…
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Bonne lecture : http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/doc/3130.pdf
Vous ne connaissez pas la pauvreté. Quand vous êtes pauvre, c’est-à-dire de vivre en minima sociaux en couple ou/et avec un(des) enfants, vous mangez beaucoup de pomme de terre pour gonfler la ventre, mais les pommes de terre bio sont deux fois plus chers que celles de conventionnel !
Si on est tout seul, oui, c’est possible, mais les couples jeunes couples sans ou avec des enfants sont obligés d’accepter d’accumuler les pesticides dans le corps…
Sandrine, ton commentaire m’a beaucoup touchée. Et je suis d’accord, le prix du bio reste effectivement bien trop élevé. Dire que quelqu’un ne « connaît pas la pauvreté » c’est mal poli, tout simplement, et personnellement je me garde de faire ce genre de remarques au sujet des gens. Je ne connais pas ton vécu ni ta situation, tu ne connais pas les miens, voilà, point. Je ne suis pas en mesure de changer la legislation en charge de réguler les prix des produits bio/non-bio, je transmets simplement des informations afin que chacun puisse y avoir accès, et faire les meilleurs choix possibles en fonction de sa situation. Si tu ne peux absolument pas te permettre d’acheter des pommes de terre bio, le mieux serait au moins de les peler pour y ôter la peau, car c’est là où se trouvent la plupart des résidus de pesticides. Par ailleurs, et sans pour autant te faire le narratif entier de ma vie, sache que je suis l’enfant d’une mère veuve, et que j’ai du changer de pays, et que durant ce temps ma mère n’avait pas toujours du boulot, et que le choix du bio n’était pas toujours sans sacrifices. Parfois c’était un choix entre ‘mieux manger’ ou ‘mieux s’habiller’. Chacun fait comme il peut, et je te souhaite plein de belles choses pour ton avenir ainsi que pour celui de tes enfants.